Le complotisme, les théories conspirationnistes et le confusionnisme (et ce que le Covid nous aide à comprendre à leur sujet)

Introduction

Zoom d’actualité

, par Rédaction, WEILL Caroline

La pandémie de coronavirus aura eu des effets plus spectaculaires les uns que les autres depuis la mi-mars 2020. Comme nous l’avons déjà souligné ailleurs, elle a mis en exergue la fragilité du système socio-économique néolibéral actuel, les inégalités et fractures profondes de notre monde, et la vulnérabilité de pans entiers de nos sociétés face à la maladie, à la mort et aux aléas économiques. Nous avons également pointé les dérives autoritaires liées aux états d’urgence sanitaires, le recours aux technologies numériques complexes comme remède magique, et les profits que certains grands groupes et milliardaires continuent à faire alors que le monde sombre dans l’incertitude et la crise économique. Combinée à une gestion de crise hésitante ou même douteuse de la part de nombreux gouvernements – incluant revirements de position abrupts et parfois même mensonges plus ou moins assumés –, cette crise ne pouvait manquer d’alimenter les ressentiments, la défiance, l’angoisse, l’incertitude… autant d’ingrédients fondamentaux pour la propagation de théories conspirationnistes.

Pendant cette pandémie, nous avons tous et toutes été confronté·es à des croyances irrationnelles et parfois farfelues à propos de la situation sanitaire. Parfois, les relations personnelles et familiales en ont réellement souffert. La question du complotisme a donc fait couler beaucoup d’encre. Or elle recouvre des réalités très hétérogènes, qui vont de la mésinformation plus ou moins sans conséquences aux grands projets de domination du « Nouvel Ordre Mondial », ou encore des simples remèdes de grand-mère à des affirmations que ce virus aurait été intentionnellement propagé afin de dépeupler le monde… Tantôt instrumentalisée par les puissant·es pour délégitimer tout propos critique, tantôt mobilisée pour se prémunir d’accusations en s’affirmant victimes d’un complot (ça a été le cas de Bolloré, par exemple, pour expliquer des attaques judiciaires qu’il subit), le complotisme est un phénomène social qui mérite d’être étudié attentivement, tant son influence a prospéré. D’où viennent ces théories qui contribuent à la désinformation et à la mésinformation [1] des citoyen·nes ? Pourquoi y adhère-t-on, et pourquoi les temps de crise (sanitaire, sociale, économique) sont-ils des ferments de leur multiplication ? En quoi peuvent-elles être dangereuses et quelles sont les stratégies – individuelles et collectives – pour y faire face ?

Le tour d’horizon proposé ici formule quelques réponses à ces questions, pour relever les défis que le complotisme pose à l’information et à la démocratie.

La communauté QAnon s’est rapidement développée au cours de l’année 2020 autour de la théorie qu’une conspiration serait à l’oeuvre au sein de l’ "Etat profond" états-unien, au sujet d’un réseau pédofilo-satanique que Donald Trump œuvrerait à erradiquer. Des pistes seraient laissées par un mystérieux Q Anonymous, qu’il faudrait suivre pour "connaître la vérité".
Crédit : Mike MacKenzie (CC BY 2.0). Image via www.vpnsrus.com

Notes

[1Nous ferons ici la différence qu’établit le journaliste scientifique Florian Gouthière : la mésinformation fait référence à un « processus par lequel s’élabore et se diffuse une information distordue ou incomplète, du fait du manque de vigilance, d’un excès de confiance, de l’indolence, du manque de méthode, de l’ensemble des maillons de la chaîne d’information. » Au contraire, la désinformation serait un « processus aboutissant à l’intégration, par un public, d’informations distordues, incomplètes ou fausses [...], ces altérations trouvant leur origine dans une démarche volontaire, avec pour objectif de tromper. »

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Publication de janvier 2021 mise à jour en octobre 2022.